En janvier dernier, je me suis rendue au salon Maison et objet à Paris, l’occasion pour moi de m’inspirer en décoration mais aussi de découvrir des artistes, des artisans, des gens passionnés. Lors de cette visite, Je suis tombée en admiration devant les œuvres tuftées de l’artiste Alice Rivière et c’est donc tout naturellement que je lui ai proposé que l’on s’entretienne pour pouvoir réaliser son portrait et le publier ici sur mon blog et dans ma newsletter déco afin que son travail soit partagé auprès des personnes qui me lisent.
Pour celles et ceux que ne connaîtraient pas encore le tufting, voici une brève explication. Le tufting, c’est une forme d’art textile qui a gagné en popularité ces dernières années. Il s’agit d’une technique qui permet de créer des tapis, des tapisseries, ou des œuvres d’art murales en insérant des boucles de fil à travers une base de toile à l’aide d’une aiguille à tufter, qui peut être manuelle ou électrique. Cette méthode permet aux artistes d’expérimenter avec des textures, des couleurs et des motifs pour créer des pièces uniques.
De l’inspiration au tufting : Le voyage artistique d’Alice Rivière
L’art du tufting est entré dans la vie d’Alice Rivière de manière assez inattendue. C’est au cœur du premier confinement en 2020, alors que le monde semblait marquer une pause, que les premières images de cette technique ont capté son imagination. Naviguant sur Instagram, elle est tombée sur des vidéos de tufting qui l’ont immédiatement fascinée. La promesse de pouvoir créer ses propres tapis a su réveillé en elle son intérêt profond pour la décoration intérieure, un domaine qu’elle chérissait déjà. À cette époque, elle jonglait déjà entre son rôle de jeune mère – sa fille n’avait alors qu’un an – et son désir d’exploration artistique, qu’elle assouvissait par des cours du soir en céramique. Malgré l’attrait irrésistible du tufting, elle prit la décision sage mais difficile de reporter son initiation à cette technique, consciente des exigences de son emploi du temps déjà bien rempli.
Cependant, cette technique est restée dans un coin de sa tête et en 2022, avec un esprit aventureux et une détermination renouvelée, Alice Rivière décide de plonger dans l’univers du tufting, armée de cours en ligne et de tutoriels YouTube principalement en anglais. Les débuts furent jonchés d’erreurs et de petits échecs, mais sa passion et sa volonté de maîtriser cette technique ne faiblirent pas. Après plusieurs semaines d’expérimentation et d’apprentissage, le résultat fut enfin à la hauteur de ses attentes. Maîtrisant la technique, elle découvrit la joie immense qu’offre la liberté de créer, de dessiner et de jouer avec les formes et les couleurs pour donner vie à ses propres créations.
Visages et émotions : L’univers artistique d’Alice Rivière en tufting
Bien sûr, voici une version réécrite de la réponse pour intégration dans votre article : L’inspiration derrière les magnifiques créations en tufting d’Alice Rivière plonge ses racines dans une riche histoire artistique personnelle, nourrie par une formation initiale en dessin. Cette passion pour le croquis, l’expression des émotions et la capture des détails du quotidien a façonné son approche unique du tufting. Son amour pour le dessin de visages, en particulier, remonte à une année marquante passée aux États-Unis en 2012, où, en tant que portraitiste et caricaturiste, elle a immortalisé les traits de près de 3000 personnes venues des quatre coins du monde. Cette expérience a renforcé sa conviction que, bien que chaque visage soit unique, les expressions et les émotions qu’ils véhiculent sont universelles.
L’artiste puise également une grande partie de son inspiration dans l’univers des arts visuels, allant de l’art naïf aux œuvres des peuples premiers, en passant par l’art africain, inuit, l’art moderne, et surtout l’art déco. Elle éprouve une fascination particulière pour l’art brut, admirant la pureté et l’authenticité sauvage de ces artistes souvent autodidactes. Ces influences se reflètent dans ses œuvres, où elle explore des thèmes de tendresse, d’amour et de liens familiaux à travers des visages stylisés et non genrés, cherchant à toucher à l’universalité des émotions humaines.
Alice Rivière aime croire que ses œuvres, qu’il s’agisse de dessins, de céramiques, de tapis ou de sculptures, sont imprégnées d’amour et de tendresse. Elle espère que ces sentiments sont ressentis par ceux qui les découvrent, créant ainsi une connexion profonde entre l’art et le spectateur.
De l’esquisse au totem : Plongée dans le processus créatif en tufting d’Alice Rivière
La genèse de chaque œuvre d’Alice Rivière, que ce soit une céramique, un tapis, ou un totem en tufting, commence invariablement par un coup de crayon. Le dessin, cœur battant de son processus créatif, prend vie dans les pages de son carnet, capturant les éclairs d’inspiration nés d’une mélodie, d’un échange capté au vol, ou d’une silhouette aperçue au détour d’une rue. Ces esquisses, parfois tracées du bout du doigt sur l’écran de son téléphone, sont ensuite peaufinées dans le calme de son atelier, transposées avec soin sur le papier.
Alice nous invite dans les coulisses de la création de ses totems tuftés, ses favoris du moment. Le voyage commence par un croquis détaillé, envisageant le totem en trois dimensions et esquissant les futures coutures qui le structureront. Vient ensuite la conception d’une maquette en papier, étape cruciale pour appréhender le volume de l’œuvre, ajuster les masses principales, et définir précisément les jonctions. Cette maquette donne naissance au patron qui sera transposé sur la toile préalablement tendue sur un cadre en bois.
Armée de son pistolet à tufter, Alice donne alors vie à sa création, injectant la laine dans la toile en suivant les contours de son dessin. Cette étape, bien que facilitée par l’outil, demande une attention minutieuse pour remplir les espaces de façon homogène. Contrairement au tapis traditionnel au point noué, le tufting ne forme pas de nœuds au revers de l’œuvre mais est fixé avec de la colle, offrant un rendu visuel similaire en surface.
Une fois le tufting achevé, elle procède à l’encollage du dos de la toile pour sécuriser les fils avant de s’attaquer à la tâche la plus ardue : la couture des différentes parties de la sculpture. Cette opération délicate est réalisée avec une technique de couture spécifique, adaptée à l’épaisseur du tissu.
La dernière étape, et non des moindres, est le rembourrage de la sculpture. Alice souligne l’importance de cette phase, souvent sous-estimée, qui requiert un savoir-faire particulier pour assurer l’équilibre de la pièce. Sans armature interne, à l’exception d’un petit socle en bois pour garantir sa stabilité, le totem doit être parfaitement rempli pour se tenir debout.
Chaque œuvre d’Alice Rivière est le fruit d’un processus méticuleux où chaque étape, du croquis initial au produit fini, est imprégnée de sa passion pour la création et son amour pour le tufting.
Choisir le fil de la créativité : L’engagement écoresponsable d’Alice Rivière
Lorsqu’il s’agit de sélectionner les fils pour ses œuvres en tufting, Alice Rivière accorde une importance capitale à la qualité et à l’impact environnemental de ses matériaux. Pour la confection des tapis, objet de toutes les sollicitations quotidiennes, elle privilégie un fil de pure laine. La raison ? Sa résilience incomparable face aux frottements et au tassement, garantissant ainsi la longévité et la durabilité de chaque pièce.
La création des totems, cependant, lui offre une liberté de choix plus vaste due à l’absence de contraintes liées à la résistance au frottement. C’est ici qu’Alice Rivière marie son art à son engagement pour l’environnement. Optant pour une démarche profondément écoresponsable, elle se tourne exclusivement vers des fils récupérés, que ce soit via des dons provenant d’Emmaüs ou des trouvailles sur des sites de seconde main comme Le Bon Coin. Cette approche, centrée sur le réemploi, lui permet de donner une nouvelle vie à des fils autrement destinés à l’oubli.
Ce choix n’est pas sans défis. La nature aléatoire de ces trouvailles impose à l’artiste une patience et une flexibilité créative, l’obligeant à composer avec les couleurs et les textures disponibles jusqu’à ce qu’elle accumule suffisamment de matière pour réaliser ses visions. De plus, l’harmonisation des diverses nuances obtenues en seconde main devient un exercice de style, où chaque contrainte se transforme en opportunité de créer des œuvres au caractère unique, alliant beauté esthétique et conscience écologique.
À travers cette démarche, Alice Rivière ne se contente pas de tufter des œuvres d’art ; elle tisse également les fils d’une réflexion plus profonde sur la consommation responsable et l’impact environnemental de la création artistique.
Le totem au baiser qui s’envole : Une ode à l’amour maternel
Parmi les nombreuses œuvres d’Alice Rivière, il en est une qui occupe une place spéciale dans son cœur, symbolisant un lien inestimable : le totem au baiser qui s’envole. Cette pièce, empreinte d’une tendresse infinie, trouve son inspiration dans les moments matinaux partagés avec sa fille. Chaque matin, lorsqu’elle dépose sa fille à l’école, un petit rituel se joue entre elles : un baiser envoyé par sa fille, que Alice doit réceptionner et déposer sur sa joue, sous peine de troubler le cours de leur journée.
Ce geste quotidien, simple en apparence, mais chargé d’émotions et de significations, a poussé l’artiste à vouloir immortaliser cette expression d’amour pur et de connexion. Le totem au baiser qui s’envole est ainsi né, matérialisant ce moment suspendu, ce souffle d’amour que sa fille lui lance et qu’elle s’empresse de capturer.
Dans cette œuvre, Alice Rivière ne capture pas seulement un instant de complicité ; elle tisse également une histoire universelle sur la relation parent-enfant, sur ces petits riens qui construisent les souvenirs et les liens indéfectibles. Ce totem, plus qu’une simple création artistique, est une fenêtre ouverte sur l’intimité partagée entre Alice et sa fille, une célébration de l’amour maternel et des rituels qui en façonnent la beauté quotidienne.
Réinventer l’espace avec le tufting : Les conseils d’Alice Rivière
Alice partage sa vision sur la capacité transformative des pièces en tufting dans nos intérieurs, soulignant la polyvalence et l’impact esthétique de ces créations. Selon elle, les tapis tuftés, loin de se limiter à leur fonction traditionnelle, peuvent embellir aussi bien le sol des espaces soigneusement choisis, tels que les chambres, bureaux ou bibliothèques, que les murs, en tant que tapisseries modernes et audacieuses.
Quant aux totems tuftés, Alice note leur adaptabilité en matière de décoration intérieure. Leur placement peut varier grandement, du sol à des emplacements plus élevés tels que des niches ou des bibliothèques, éventuellement sur un piédestal pour accentuer leur stature sculpturale sans toutefois les distancer de leur essence ludique et accessible. Alice souligne l’importance de ces œuvres comme éléments de décor qui évoquent à la fois la nostalgie de l’enfance, la douceur des formes arrondies, et les références culturelles riches, de l’art africain aux mystérieux Moai de l’Île de Pâques.
Pour les espaces professionnels, l’artiste imagine ses totems et tapis en tufting accueillant les visiteurs dans les halls d’hôtels ou les restaurants, apportant une touche d’originalité et de chaleur. Elle exprime également son désir de collaborer à des projets de scénographie pour les vitrines de grands magasins, où ses créations pourraient captiver un public plus large.
Elle conclut en offrant un regard inspirant sur l’intégration du tufting dans la décoration d’intérieur, encourageant une approche qui célèbre la créativité, l’imagination, et la capacité de ces œuvres à transformer et enrichir nos espaces de vie.
Alice Rivière : Partager sa passion du tufting
Alice révèle son engagement envers la transmission du savoir-faire du tufting à travers des ateliers qu’elle anime régulièrement dans son atelier situé à Romans-sur-Isère. Ces sessions, organisées deux fois par mois et souvent durant les weekends, sont le fruit d’une collaboration fructueuse avec la plateforme Wecandoo depuis plus d’un an. Pour Alice, l’importance de ces stages réside dans l’échange direct et personnel, une expérience qu’elle aurait elle-même appréciée lors de ses débuts, soulignant combien cela lui aurait fait gagner du temps.
Au-delà de l’aspect technique, Alice tient à sensibiliser ses stagiaires sur le travail minutieux et la valeur intrinsèque derrière chaque tapis en tufting. Elle est convaincue que nous vivons une époque où la conscience autour de la consommation se doit d’évoluer vers plus de sens et de responsabilité. L’objectif n’est pas de prêcher pour une consommation austère, mais plutôt d’encourager l’acquisition de pièces de qualité, fabriquées de manière consciente et si possible, par soi-même. Elle trouve particulièrement gratifiant de voir ses participants repartir non seulement avec un tapis unique, mais aussi avec un nouvel ensemble de compétences et de connaissances.
L’enthousiasme d’Alice pour l’enseignement du tufting est contagieux. Elle se dit régulièrement impressionnée par les créations de ses stagiaires, même après une seule journée d’apprentissage. Pour elle, ces ateliers sont bien plus qu’une simple transmission de technique ; ils sont une célébration de la créativité, de l’apprentissage et du partage dans un environnement accueillant et inspirant.
Alice rêve de pousser les limites de son art en réalisant des totems tuftés de taille imposante, envisageant des structures complexes qui défient tant la gravité que la convention. L’idée de créer des œuvres monumentales, qui pourraient magnifier des espaces comme des cages d’escalier en colimaçon, révèle son ambition de fusionner l’art et l’espace de manière innovante.
Pour réaliser ces projets d’envergure, elle reconnaît la nécessité de soutien technique et financier, évoquant le cadre idéal d’une résidence d’artiste comme tremplin pour ses expérimentations futures.
Alice souligne l’importance de la recherche et du temps dans le processus créatif, considérant ces éléments comme un luxe précieux pour tout artiste. En attendant, elle continue de jongler habilement entre les commandes de tapis, la production de céramiques, et ses ateliers de formation, tout en planifiant la création de sculptures tuftées ambitieuses pour de prochaines expositions. Cette démarche témoigne de sa détermination à explorer de nouvelles frontières dans son travail, tout en partageant généreusement sa passion et son expertise avec les autres.
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